Cette matinée du 01 Décembre s’annonçait peu banale pour les habitants du Douar Lamnadla à quelques pas de Sidi Bouzid, CR Moulay Abdellah, le chef du cercle accompagné de ses collaborateurs et forces de l’ordre suivis d’une pelleteuse y ont fait éruption non pour prêter main forte, ou soulager des nécessiteux dans ce patelin de la banlieue de la ville d’El Jadida mais pour abattre des logis anarchiques édifiés clandestinement, selon certaines sources leur nombre avoisine les 300 maisons.
Cette visite des responsables peu souhaitée, aussi soudaine soit-elle, était attendue par les habitants, qui organisés pour se défendre avec jet de pierres, drapeaux nationaux, clamer vive le roi, certains munis de bouteilles pleines d’essence ont menacé de se faire immoler, ces habitants ont réussi à repousser les assaillants sans qu’une seule démolition ne se soit effectuée, pire encore, au milieu de cet embrouillement un saboteur a mis la voiture du super caid en feu.
Par crainte de représailles ces habitants continuent à vivre dans la peur et la vigilance surtout après l’arrestation d’une dizaine de jeunes accusés de vandalisme, d’opposition aux forces de l’ordre… les autorités considèrent que les habitants de Lamnadla ont mal interprété la tolérance de l’administration. Pour certains ces constructions bien qu’illégal ont été réalisées sous les yeux des agents de l’autorité et ce depuis l’acquisition de la parcelle de terrain dont les documents de transaction sont légalisés dans la commune rurale Moulay Abdellah, selon un habitant « quand on légalise nos signatures sur un acte de vente d’une parcelle de 50m2 dans un Douar, dans la commune ce n’est certainement pas pour planter des bananes ou des tomates ».
En 2002, ce même douar fut l’objet de démolitions de constructions clandestines à ce moment les autorités, avaient tablé sur le fait que l’administration était occupée par les élections ce qui a profité aux habitants pour bâtir en cachette des habitations anarchiques.
En 2006 l’agence urbaine d’El Jadida-Safi a annoncé que ce Douar allait faire partie d’un programme de relogement dans le cadre de « villes sans bidonvilles » au niveau de la région de Doukkala-Abda au moment ou les études relatives aux infrastructures de base de ce douar étaient en cours de réalisation. Depuis cette date rien n’a été fait, seulement des déclarations sans suite.
Est-ce de cette façon que les problèmes liés à la prolifération des bidon villes seront contrés ? Enfin les bidonvilles ne sont-ils pas la face la plus visible d’un phénomène de « ségrégation spatiale et sociale à grande échelle » qui va en s’accentuant à mesure que les villes du grossissent ?
Abdelilah Nadini
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